Transformation numérique et vie au travail : le rapport Mettling

En 2015, Bruno Mettling, directeur général adjoint en charge des ressources humaines et de la communication interne d’Orange, a remis son rapport « Transformation numérique et vie au travail » à Myriam El Khomri, alors ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Il dresse un état des lieux sur les effets du numérique dans la vie au travail et formule 36 préconisations.

Ce rapport intervient dans un contexte de prise de conscience des effets de la transformation numérique sur le monde du travail

« La révolution numérique implique un changement de paradigme dans le monde du travail. Loin de se résumer à l’usage d’outils numériques, elle marque l’arrivée, dans l’entreprise, de méthodes de conception, de production, de collaboration, qui sont aussi des méthodes de pensée, de travail, d’organisation »

 

Mesure de la charge de travail

Dans un contexte d’intensification du travail à l’ère du numérique, comment bien mesurer la charge de travail ? Si la référence horaire est encore l’outil de mesure dans nombre de métiers, la transformation numérique remet en cause la pertinence de cet indicateur.

« De nombreux travaux de recherche ont été menés pour définir la charge de travail, à la fois sous l’angle de la charge physique mais aussi de la charge mentale ou psychologique : l’Anact est par exemple en pointe sur ce sujet, proposant aux entreprises de les accompagner. De nombreux outils, pour certains sectoriels, pour d’autres plus universels, ont ainsi été développés. Il est possible de s’appuyer sur leurs conclusions pour mener cette nécessaire réflexion. »

 

Infobésité et qualité du travail

Multiplication des objets numériques, échanges en flux contenu de mails, derrière l’efficacité procurée par le numérique se trouve également une « surcharge informationnelle et communicationnelle » ou « infobésité », pouvant parfois nuire à la qualité du travail et avoir des conséquences sur la santé des salariés. Afin de prévenir les risques psychosociaux et d’assurer une meilleure qualité de vie au travail, il est important, selon Bruno Mettling, de réguler l’usage de ces outils, notamment pour les cadres.

Sur la conciliation vie professionnelle et vie personnelle, le directeur général adjoint d’Orange parle d’« un droit à la déconnexion par un devoir de déconnexion ». Pour Bruno Mettling : « La bonne articulation entre ces deux sphères est un des facteurs clés de la réussite de la transformation numérique pour qu’elle permette également une amélioration de la qualité de vie au travail ».

 

Télétravail et management

Le rapport Mettling aborde également la question du télétravail, un mode de travail qui, après un démarrage timide en France, s’est rapidement développé au sein des PME dès 2006. Associé à une amélioration de la qualité de vie et de la productivité, le télétravail fait partie des thématiques de travail de l’Anact.

Le télétravail n’est pas sans conséquences sur le management comme le rappelle Myriam El Khomri, ministre du Travail, dans son discours de remise du rapport Mettling

« Le numérique rebat les cartes du lien hiérarchique traditionnel. Le collectif de travail n’est plus structuré par l’unité de lieu ; on travaille de plus en plus à distance ; la frontière de la relation salariale hiérarchique s’érode ».

Les mutations du monde du travail

La transition numérique est venue bouleverser le monde du travail comme la relation client. « Certains questionnements prospectifs sont apparus comme à la fois essentiels dans le cadre de la transition numérique de la société et du monde du travail, mais peu ou mal traités par les acteurs publics et privés pour l’heure ».

Bruno Mettling cite notamment dans son rapport certaines mutations clients comme :

  • le déport du travail vers le client qui « impacte aussi bien la relation client que le travail des salariés » (montage de meubles, passage en caisse…) ;
  • la valorisation des traces et données laissées par un client qui commande en ligne : « Il existe un débat quant à une potentielle reconnaissance de cette activité comme d’une forme de travail ».

« Ces questionnements appellent à la mise en place de moyens d’observation, notamment à travers le financement de travaux de recherche (ANR ou autres), mais sont aussi portés par des institutions comme l’Anact ou par les organisations syndicales, de manière à anticiper, accompagner ou orienter les évolutions à venir » Bruno Mettling.

Consulter le rapport Mettling

 

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