Transformation numérique  et travail : reprendre la main  !

Pourquoi l’Anact et son réseau travaillent-ils sur la transition numérique des entreprises  ?

Le ministère du travail a missionné l’Anact pour étudier les impacts de la transition numérique des entreprises sur l’organisation du travail. La transformation numérique est ainsi l’une des priorités de notre Contrat d’objectif et de performance 2018-2021. Elle fait aussi l’objet d’actions que nous portons dans le cadre du Plan santé au travail 2016-2020 et nous sommes associés au programme pour la transformation numérique des PME lancé par le gouvernement.

Si ces sollicitations institutionnelles sont récentes, la question du numérique n’est pas nouvelle pour l’Agence et son réseau  : elle s’est posée dans de nombreux projets que nous avons accompagnés . Par exemple, avec les entreprises logistiques engagées dans la mise en oeuvre du voice-picking, ou encore lors de l’introduction de nouvelles technologies de gestion et de communication. Nous sommes, par ailleurs, depuis plusieurs années en veille active sur les nouvelles organisations du travail liées au numérique. En 2016, notre Semaine pour la qualité de vie au travail a eu pour thème “Mieux travailler à l’ère du numérique“.

De nombreux organismes accompagnent déjà les entreprises sur ces sujets. Sur quels principes s’appuie l’approche de l’Anact et quelle est sa valeur ajoutée ?

Nous entendons souvent  : “entreprises, adaptez-vous au numérique   !” Adoptant des registres très techniques et experts, ces discours ont tendance à masquer les impacts du numérique sur l’organisation du travail. Résultat : la transformation digitale échappe souvent aux acteurs de l’entreprise. Il est difficile pour chacun d’en interroger le sens ou les modalités. Quand une entreprise numérise la production, elle modifie de fait les tempos, les coopérations, les relations avec les clients… Dans quels lieux ces changements sont-ils discutés ? Quels espaces de discussion entre manageurs et salariés sont mobilisés pour anticiper ces questions ? Comment les partenaires sociaux s’emparent-ils de ces transformations ?

L’approche de l’Anact s’appuie sur la nécessité d’adapter le travail à l’homme, et non l’inverse. Dans le cas du numérique, cela induit d’aider les dirigeants, manageurs, salariés, IRP à reprendre la main sur leur processus de transformation pour que celui-ci réponde à leurs préoccupations. Il s’agit de rééquilibrer les approches en faisant une place aux enjeux sociaux aux côtés des enjeux économiques et techniques ou, dit autrement, en intégrant l’expérience travailleur  aux côtés de « l’expérience client » qui guide les changements actuels. Car les conditions de travail, ce n’est pas qu’une  patine sociale  ! C’est un déterminant essentiel de la qualité du service et de la performance au sens large.

Quelles sont modalités de l’action de l’Anact sur le sujet  ?

À côté des actions d’appui à des entreprises qui se lancent dans des transformations numériques dans le cadre du Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Fact) et de l’accélérateur de projets Le Transformateur, nous avons débuté un important projet cofinancé par le Fonds social européen auquel sont associés 8 Aract. Il conjugue des études de terrain, des interventions en entreprise, l’accompagnement de branches professionnelles, l’élaboration d’outils et méthodes…. Avec 4 objectifs : apporter des éclairages aux entreprises pour que la transformation numérique ne reste pas aux seules mains des experts et des fournisseurs de solutions techniques, favoriser le dialogue social sur ces questions, diffuser des méthodes pour anticiper les changements et enfin soutenir des écosystèmes locaux.

Donnons quelques exemples  : l’Aract Bretagne a accompagné un projet permettant à des structures de soins à domicile de préparer le déploiement de la télégestion. En Auvergne Rhône-Alpes, le think tank Industrie 4.H élabore des recommandations pour enrichir les modalités d’accompagnement des PME. L’Anact démarre, pour sa part, une intervention auprès des partenaires sociaux de l’Udes qui souhaitent négocier un accord numérique « agile » pour anticiper les évolutions à venir. Un dispositif de sensibilisation d’une demi-journée peut être déployé dans une entreprise ou en inter-entreprises pour débattre collectivement des risques et opportunités de la transition numérique, en complément des supports d’information déjà disponibles . D’autres outils et méthodes pour piloter la transformation sont prévus en 2019.

La transformation numérique nécessite-t-elle des formes d’accompagnement différentes  des précédentes révolutions technologiques ?

Ce n’est pas parce qu’on est face aux technologies numériques qu’il faut abandonner les fondamentaux. L’association des salariés reste une condition incontournable de la conduite des projets de changements. Mais parce que cette transformation est massive, rapide, disruptive, les conditions du dialogue sur la transition numérique dans l’entreprise et, parfois même les conditions du raisonnement, sont difficiles à réunir. Il faut donc rechercher des méthodes adaptées… pour recréer du dialogue en s’appuyant si besoin sur les outils numériques. Car le déploiement des nouvelles technologies et l’émergence de nouvelles organisations qui y sont liées peuvent aussi être une opportunité pour relancer les échanges et négociations sur les façons de concilier performance et qualité de vie au travail (QVT).

Pour en savoir plus, téléchargez La transition numérique, promesses et menaces pour « l’expérience travailleur »

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